Pierre Ricardo Placide: Democratization De L'Education En Haiti Pour Eviter

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Economie
Un défi: démocratisation de l'éducation pour éviter l'abandon social

Le plan de reconstruction nationale que le gouvernement a soumis à la réunion du 31 mars priorisait 4 grands axes, notamment la refondation sociale.

Par cette dernière, le gouvernement entend promouvoir la stratégie de l'éducation pour tous afin d'endiguer les inégalités des chances scolaires et de réduire, du même coup, la transmission intergénérationnelle de la pauvreté.

Le cataclysme du 12 janvier a sévèrement frappé divers secteurs de la vie nationale, et le secteur éducatif n'en a pas été exempt.

Les pertes enregistrées, tant matérielles qu'humaines, dans ce secteur ont été incommensurables.

En effet, près de 80% des infrastructures scolaires de la région métropolitaine ont été détruites, ce qui a paralysé, durant plus de deux mois, les activités scolaires dans le pays et, plus particulièrement, dans le département de l'Ouest.

Pour certains, le gouvernement haïtien devrait profiter de cette occasion pour opérer des réformes en profondeur dans le système et jeter les bases de la refondation sociale en procédant à la démocratisation tant quantitative que qualitative du système éducatif national.

Ce qui, à terme, engendrait une valorisation du capital humain haïtien et, entre autres, permettrait à l'éducation d'atteindre son objectif premier qui est de favoriser la mobilité sociale intergénérationnelle et saper l'exclusion qui continue de creuser les inégalités des chances scolaires dans la société haïtienne.

À l'heure actuelle, il est impossible de valoriser la main-d'Å"uvre, le développement durable sans une amélioration de la qualité des ressources humaines du pays et une hausse de la productivité, favorable à la croissance économique.

Un système imbu d'inégalités

Selon M. Pierre Enocque François, docteur en Sciences de l'Education, « le système haïtien, loin de faciliter l'intégration sociale, est fortement dominé par l'exclusion.

Il estime que « le système en place contribue à renforcer les inégalités, notamment à travers la limitation drastique de l'offre scolaire tant en milieu rural qu'en milieu urbain ».

De plus, la détérioration du niveau de vie de l'Haïtien, combinée à la hausse continue du coût de l'éducation, a rendu davantage difficile l'accès à une éducation de qualité pour les enfants les plus défavorisés.
Un rapport publié en 2005 par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) sur les causes de la non scolarisation en Haïti, indique que 43,5% des enfants ont abandonné leurs études à cause de coûts scolaires trop élevés.

Manque de volonté manifeste

L'État haïtien a mis en place le Plan national d'éducation et de formation (PNEF) en vue de redynamiser le secteur afin que celui-ci puisse répondre aux attentes de la population en matière de service éducatif.

Ce plan prévoyait d'accroître d'une part l'offre scolaire et, d'autre part, d'améliorer la qualité de l'éducation.

La conception de ce plan, selon M. Pierre Enocque François, ne concordait pas avec les actions de l'État en matière éducative.

La construction des infrastructures scolaires publiques n'a pas vraiment progressé au cours des 15 dernières années, comparativement aux efforts entrepris par le secteur privé haïtien pour répondre à la demande scolaire.

En effet, de 1992 à 2007, le rythme de croissance de la construction des infrastructures scolaires privées a atteint près de 11 336 établissements contre 45% seulement pour les écoles publiques.

Un autre point important à signaler, c'est le fait que la part du Budget national allouée à l'éducation a tendance à diminuer progressivement.

De 21,22% au cours de l'année fiscale 1999-2000, elle est passée à 9,67% en 2007 alors que le nombre d'enfants en âge d'être scolarisés a considérablement augmenté durant cette période.

« Ce qui nous prouve que l'Éducation, de manière concrète, ne faisait pas partie des priorités de nos gouvernements », a déploré M. Enocque François.

L'éducation pour répondre aux exigences du marché du travail

Face aux nouvelles exigences du marché du travail et l'introduction des nouvelles technologies de l'information et de la communication, il est impossible de concevoir une amélioration de la maind'Å"uvre sans un relèvement du niveau de l'éducation.

D'ailleurs, l'une des conditions préalables aux gains de productivité est qu'il faut que les plus démunis soient bien alphabétisés et en bonne santé, ce qui pourrait briser le cercle vicieux de la transmission intergénérationnelle de la pauvreté et éviter l'abandon social.

À cet effet, M. Enocque François prône « la démocratisation de l'enseignement tant en milieu urbain que rural et l'adoption de mesures économiques compensatrices pour que les frais alloués à l'éducation ne viennent pas concurrencer les autres dépenses de consommations, notamment celles consacrées à l'alimentation ».

Par Pierre Ricardo Placide
mardi 13 avril 2010

Jean-marie, July 9 2010, 3:59 PM

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