Haiti: Mafiosi Posing As Candidates by Robert Benodin

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Mafiosi Posing As Candidates

Originally: Thèmes de l'Emission de la Semaine

Robert Bénodin, Radio Classique Inter, 2010-10-02

Haiti Democracy Project web page item #4547 (

On espérait mieux du dernier discours de Préval à la 65e session de l'Assemblée des Nations-Unies.

Il nous a laissé sur notre soif ! Comme celles des années précédentes d'ailleurs, cette allocution n'a rien eu de percutant ou de saillant.

Rien qui impressionne.

En gros, Préval s'est dit touché par les gestes de solidarité et de compassion de la communauté internationale envers Haïti après le cataclysme du 12 janvier.

Mais a passé sous silence un fait important.

Les financiers internationaux ont tous refusé à l'unanimité de contribuer quoique ce soit pour la reconstruction, tant que Préval resterait au pouvoir.

Il a évoqué les objectifs du millénaire, en oubliant de mentionner ce que lui, chef d'état du pays le plus pauvre de l'hémisphère, a fait pour son peuple dans le but d'atteindre ces objectifs.

En l'occurrence, il a préféré se confondre en lamentations.

Le grand pacifiste méconnu qu'est Préval, s'est lamenté aussi à propos des milliards que l'on dépense dans des guerres aussi sanglantes qu'injustifiées. Il s'indigne de l'importance des budgets de défense des pays développés.

Il met en exergue ses sensibilités sociales, en se formalisant, face au déclin de l'aide publique promise par les pays développés aux pays sous-développés. Sans expliquer pourquoi son gouvernement n'a rien reçue de cette aide.

Il agite l'inadéquation du système commercial et des subventions.

Comme si les efforts entrepris par lui pour augmenter la production agricole de son pays, ont essuyé des échecs à cause de ces inadéquations et de ces subventions ! En foi de quoi Préval préconise la reformulation d'une nouvelle vision de la mondialisation (sic) ! Mais, il a malheureusement omis de spécifier dans son allocution, au moins les grandes lignes des nouveaux critères de sa nouvelle vision de la mondialisation.

Quant au commerce de la drogue, il impute tous les torts plutôt à la demande, qu'à l'offre.

Mais en revanche pour le commerce des armes à feux, il impute tous les torts plutôt à l'offre qu'à la demande.

Drôle de notion d'équité dans les rapports Nord-Sud et Sud-Nord !

Et enfin avec une monotonie lassante, sans inflexion, il a terminé son discours avec des platitudes, sans trop élaborer sur la question qui nous préoccupe tous, les élections présidentielles et législatives.

Pour tous ceux qui sont en vérité concerné par le bien-être national et qui veulent saisir l'opportunité pour répondre à l'impératif de la réflexion sur la refondation de l'Etat, pour qui la rupture est un préalable incontournable ; cette fin de règne coïncidera-t-elle avec la fin de ce régime?

Voilà ce qui de fait sous-tend nos anxiétés ! Voilà ce qui fait l'objet de nos préoccupations ! Voilà ce qui hante nos consciences citoyennes ! On se trouve dans une situation nouvelle, inédite, où on est en train de passer, de l'influence d'une hégémonie qui a atteint le statut d'hyper puissance depuis le siècle dernier et qui aujourd'hui s'y accroche difficilement, à l'influence d'une nouvelle hégémonie naissante qui n'est qu'à ses balbutiements.

Nous venons de payer chèrement notre première expérience, victime de ses premiers réflexes de prédateur hégémonique, avec l'imposition manu-militari du retour au statu quo ante avec Préval, en février 2006. Ceci est un fait irréfutable qu'à cause de cette imposition hégémonique, le pays a raté paradoxalement l'opportunité d'un changement de régime, au lendemain d'une longue lutte insurrectionnelle qui a abouti au renversement du régime en place, le régime lavalas.

Nous nous retrouvons aujourd'hui en 2010, presque 5 ans plus tard, dans la même situation, où pour une nouvelle fois, cette fin de règne, devrait naturellement coïncider avec une fin de régime, compte tenu de l'état précaire des lieux et de la performance exécrable de ce régime.

Cette nouvelle hégémonie méridionale a déjà manifesté ostensiblement et sans équivoque sa volonté d'imposer le statu quo. Et d'abonder dans le sens de la continuité en faveur du maintien du régime en place.

Il est absolument clair que les conditions pour avoir des élections démocratique, libres, honnêtes et crédibles, avec une vraie probabilité d'alternance démocratique, sont totalement inexistantes, tant au niveau de la gestion que de l'observation électorale.

Mis à part, tous ces problèmes techniques de gestion et ces suspicions d'absence d'impartialité de la part des observateurs électoraux de l'OEA et de la CARICOM choisis par les proxys de l'hégémonie méridionale.

Préval reprenant du poile de la bête, introduit à nouveaux des candidats mafieux, comme il l'a fait aux élections sénatoriales partielles d'avril et de juin 2009. Ces candidats font l'objet de poursuites judiciaires pour association de malfaiteurs, incendie, pyromanie, évasion de prison, trafic illicite de stupéfiants, viol, vol de véhicule, etc. A ces élections participent aussi des candidats accusés du massacre de la Scierie.

Ces candidats ont été mis en liberté sans avoir comparu par devant une instance judiciaire.

Maintenant, ils veulent audacieusement briguer des sièges non-seulement au parlement, mais aussi la première magistrature !

De plus, ce CEP décrié a commis un accroc constitutionnel, en autorisant les Candidats à la Présidence, anciens gestionnaires de deniers publics, à ne soumettre qu'un rapport favorable de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif en lieu et place du certificat réel de décharge.

Le rationnel étant, l'impossibilité d'obtenir du comité bicaméral, la validation de ces décharges.

Or, ces comptables de deniers publics, ne savaient-ils pas qu'ils allaient être candidats à la présidence en novembre 2010?

Ne savaient-ils pas qu'il leur fallait obtenir la validation de leurs décharges avant le 14 septembre 2009, date de la dernière session ordinaire de la 48e législature?

Il est évident que cette décision a été prise intentionnellement pour favoriser uniquement le dépôt de candidature de hauts fonctionnaires gestionnaires des deniers publics proches du régime en place.

De fait tous les candidats proches de ce gouvernement, qui se trouvaient dans cette situation, ont été admis ! Alors que d'autres candidats, malgré la soumission de dossiers complets, on été évincés ! Encore une autre preuve scandaleuse d'absence totale d'impartialité.

A cette croisée de chemin, où l'on se trouve simultanément sous l'égide de deux hégémonies, dans le cadre d'une rivalité non encore déclarée, a-t-on aucune option véritable, face à l'imposition hégémonique du maintien du statu quo?

Tout compte fait, peut-on vraiment trouver une différence dans le comportement de l'une ou de l'autre hégémonie?

Dans le domaine de l'exercice du pouvoir hégémonique, l'expérience, ou l'absence d'expérience, affecte-t-elle la façon dont ce pouvoir est exercé et géré?

Entre ces deux hégémonies laquelle sera plus encline à avoir une micro-gestion plus contraignante et plus suffocante?

Tenant compte de notre insignifiance, en tant que pays le plus pauvre de l'hémisphère, mais appartenant quand même à une espace géographique convoitée, mais non-encore annexée par l'une ou par l'autre, dans le cadre de cette nouvelle compétition géopolitique, devons-nous consentir de sitôt à notre annexion, avant la lettre, par l'hégémonie méridionale?

N'est-il pas dans l'intérêt national, même avec la présence des 12000 paires de bottes de la Minustah, de maintenir, jusqu'à nouvel ordre, et de manière réaliste la disponibilité de nos options?

Allons-nous laisser à Préval le soin de faire ce choix en notre nom, en gérant la continuité?

Malgré le fait que les conditions ne soient pas réunies pour faire des élections le 28 novembre 2010. Préval lui-même vient d'en faire l'aveu, en s'inquiétant du faible taux de participation.

D'abord la Minustah veut faire des élections selon le calendrier constitutionnel, comme preuve de stabilité, même si elle est monnayée, fausse et artificielle.

Ensuite l'hégémonie méridionale n'ayant pas encore acquis l'aplomb nécessaire pour gérer les relations hégémoniques, peu importe l'orientation du régime en place, veut pour se rassurer, le maintien de la garantie d'une affinité de tendance, en imposant le maintien du statu quo. Et enfin, Préval inquiété par la chasse aux sorcières, la prison et l'exil, ce que Baker a révélé, veut gérer la continuité.

Certes les intérêts de la Minustah, de l'hégémonie méridionale et de Préval se convergent.

Mais, en quoi les élections du 28 novembre 2010 servent-elles vraiment les intérêts nationaux, s'il n'y a aucune probabilité d'alternance démocratique, aucune chance de rupture?

Pascale Tresor, October 8 2010, 11:34 PM

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