Nourriture Vendue : Rue/Mikwòb ap touye Ayisyen

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Nourriture Vendue dans la rue est-elle salubre?

Les gens qui achètent leur nourriture dans la rue le font souvent à leurs risques et périls.

Les marchands de « fritay », de barbecue et de « manje kwit » sont bien malgré eux les vecteurs de microbes potentiellement dangereux.

Jonas Laurince
Sur la route poussiéreuse de Diquini 63 menant à la mairie de Carrefour, non loin de l'Hôpital adventiste, une marchande de fritay offre ses produits aux passants.

Ses clients sont en majorité des écoliers des différentes institutions scolaires de la zone.
Manifestement, la petite marchande ne se soucie pas de la salubrité des patates frites, des hot dogs, des bananes pesées et des petits pâtés communément appelés marinad qu'elle vend à la cantonade.

Ses fritay sont étalés à l'air libre, sans cesse balayés par la poussière soulevée par le vent de la route en terre battue.

Un peu plus loin, à quelques pas de la mairie de Carrefour, Madame Léger, une marchande d'une quarantaine d'années, se soucie, elle, de la propreté.

Elle vend des fritay depuis cinq ans aux élèves de l'Ecole communale et aux employés de la mairie.

Pour elle, la question d'hygiène est essentielle, c'est même une question de respect pour ses clients.

« Quand il y a de la poussière, je couvre mes fritay avec un tuile pour les mettre à l'abri, explique-t-elle, mais quand il pleut et qu'il n'y a pas de poussière, je les laisse à découvert.

» Pour elle, les microbes prolifèrent dans la poussière. Par contre, elle ne se soucie guère des mouches qui auréolent ses fritay...

Tout près sous une petite tonnelle, cinq jeunes hommes dégustent les savoureux pâtés de Madame Séphora, une petite marchande d'une soixantaine d'années. Joviale, propre et accueillante, elle vend des fritay à cet endroit depuis 20 ans.
Manman Bon Kè (Maman Bon Coeur), comme la surnomment ses clients, prépare ses produits sur commande pour ses clients.

« J'ai tellement de clients qu'il ne me reste plus de pâtés dans mon plateau.

» dit-elle en montrant le récipient vide dans lequel elle met habituellement ses fritay une fois cuites.

« On me passe des commandes, je prépare alors mes pâtés et je sers mes clients », explique-t-elle en montrant un récipient immaculé dans lequel elle prépare sa pâte.
Pour ses clients, Madame Séphora est une très bonne cuisinière. L'un d'eux, Luckson, vante ses délices culinaires.

« Ses pâtés sont vraiment délicieux! Tout le monde devrait y goûter. » Assis sur un banc à l'ombre de la tonnelle, les autres clients abondent dans le même sens, lançant un regard appréciateur en direction de Manman Bon Kè qui sourit de contentement.

Toutes les petites marchandes de fritay ne sont malheureusement pas d'impeccables cordons bleus comme Madame Séphora.

Partout dans les villes du pays, que ce soit dans les marchés publics ou aux coins des rues, les marchands de friyay, de barbecue et de manje kwit cotoient trop souvent des piles de détritus qui dégagent une odeur pestilentielle.

Mêmes les secteurs prospères ne sont pas épargnés. A Pétionville, où la quasi totalité des rues sont alphaltées et où les détritus sont moins visibles que dans les autres communes de la zone métropolitaine, la salubrité des produits vendus par les marchands de fritay laisse grandement à désirer.

A l'angle des rues Aubran et Dérénoncourt par exemple, une dizaine de ces marchands font des affaires d'or. A l'exception d'un seul marchand de pate kòde qui étale ses produits dans une boite vitrée hermétiquement fermée, tous les autres exposent leurs produits à l'air libre, tout près de deux grosses poubelles de la municipalité remplies d'ordures sur lesquelles virevoltent des nuées de mouches attirées par l'odeur fétide.

Derrière la station d'essence Total, ces marchands de fritay et de barbecue ont pour clients, en plus des employés de banques, de magasins et autres institutions, des écoliers et les habitants de la zone. Personne ne semble accorder l'importance à l'hygiène. Manifestement, les affaires sont la seule préocupation.

Le problème, c'est qu'ils semblent ignorer totalement qu'ils exposent leurs clients - et eux-mêmes - à une pléthore de maladies en passant leurs journées dans la poussière et les fatras.

Ils sont rares en effet les marchands en plein air qui, comme Manman Bon Kè de Diquini et le marchand de pate kòde de Pétionville, connaissent l'importance de conserver un minumum d'hygiène lorsqu'ils vendent leurs friyay dans la rue.
Jusqu'à présent, les Haïtiens ont tendance à dire « mikwòb pa touye Ayisyen ! », s'en remettant visiblement à Dieu pour leur santé.

Une recette pour une catastrophe annoncée...

Claude, March 13 2008, 6:40 PM

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