Actualités: Haïti/Vie chère : 1 mort et 4 blessés

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7 avril 2008: Des violences ont été enregistrées à Port-au-Prince et dans certaines villes de province au cours d'un mouvement de protestation, initialement contre la cherté de la vie qui frappe toutes les couches de la population depuis octobre 2007, a constaté l'agence en ligne AlterPresse.

1 mort, 4 blessés par balles (dont 2 aux Cayes, ainsi qu'un étudiant et un policier à Port-au-Prince), plusieurs pare-brise de véhicules brisés (dont 2 de la chaîne privée Télé Haïti à Martissant - banlieue sud - et à l'avenue John Brown à Port-au-Prince, un nombre indéterminé de véhicules incendiés, la résidence de la famille du sénateur Jean Gabriel Fortuné saccagée aux Cayes, troisième ville du pays, jets de pierres contre plusieurs édifices publics et privés, barricades de pneus usagés enflammés, divers incidents çà et là: c'est le bilan non exhaustif des casses opérées pendant une quatrième journée de protestation nationale ce 7 avril.

Non satisfaits de l'absence de réponses concrètes du gouvernement aux desiderata de la population et déplorant le problème de communication chez les dirigeants, notamment contre la hausse accélérée du coût de la vie, des manifestants ont usé d'actes violents pour faire passer leurs revendications.

Ils s'en prennent non seulement au Premier ministre Jacques Edouard Alexis et au reste du gouvernement, mais aussi au président René Garcia Préval, dont ils réclament la démission pour « absence de vision » et « de réponses immédiates concrètes » à la misère et à la faim, lot d'une grande partie de la population ces derniers mois.

Un sénateur en difficulté

La résidence de la famille du sénateur du Sud Jean-Gabriel Fortuné a été pillée, ce 7 avril 2008, dans la ville des Cayes (à 186 kilomètres au sud de Port-au-Prince), par des manifestants en colère, apprend AlterPresse.

Intervenant sur des stations de radio de la capitale haïtienne, le parlementaire estime que ce mouvement de protestation serait manipulé par des trafiquants de drogue et des militants du parti Fanmi Lavalas.

Fortuné signale la présence de « Ti Pistòl », de son vrai nom Lucien Angela, parmi les manifestants.

« Ti Pistòl » était un membre influent des organisations populaires Lavalas avant la chute du régime de Jean-Bertrand Aristide.

« Il s'agit d'un mouvement purement politique.

Ils [ces manifestants] cherchent à résoudre avec moi des problèmes politiques », déclare sur Radio Métropole Jean-Gabriel Fortuné.

L'élu du Sud interprète ce mouvement comme une « revanche de la Fanmi Lavalas et des trafiquants de drogue ».

« Ce sont des gens qui profitent des revendications légitimes de la population », insiste Gabriel Fortuné qui appelle à l'arrestation de tous les fauteurs de trouble.

Le parlementaire a toutefois indiqué que la police est impuissante face aux manifestants qui se montrent de plus en plus violents.

La famille Fortuné est pour l'heure sous le choc. Margareth Fortuné, responsable de l'Association des femmes victimes de la faillite des coopératives, s'inquiète du sort qui pourrait être réservé à son frère, le sénateur Jean-Gabriel Fortuné.

Larmes aux yeux, Margareth Fortuné demande au pouvoir exécutif de prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de son frère, en difficulté.

Sur les ondes de Signal FM, Margareth Fortuné demande pardon aux manifestants pour les multiples déclarations du sénateur Fortuné relatives à ce mouvement de protestation.

Dans la foulée, une personne a été tuée par balles portant le bilan à au moins 4 morts par balles aux Cayes, depuis le lancement de cette levée de boucliers le 3 avril 2008.

Ce nouveau décès s'est produit non loin de la résidence du sénateur Jean Gabriel Fortuné, objet d'attaques de la part de certains manifestants.

Mobilisation à la capitale

Parallèlement, la mobilisation contre la vie chère tend à augmenter en intensité à Port-au-Prince et d'autres villes de province (Petit-Goâve, Jérémie, Cayes) où plusieurs milliers de personnes ont investi les rues pour exprimer leur ras-le-bol.

A Port-au-Prince, en fin d'après-midi du lundi 7 avril, un étudiant a été blessé par balle, dans des circonstances non élucidées, non loin de la Faculté des Sciences humaines et de l'Institut national d'administration, de gestion et des hautes études internationales (Inaghei), deux entités de l'Université d'Etat d'Haïti.

Très tôt, dans la capitale, ce 7 avril, plusieurs groupes de manifestants ont fait valoir leurs revendications.

Des étudiants de l'Ecole normale supérieure ont entamé un mouvement en érigeant des barricades aux abords de cette entité de l'Université d'Etat d'Haïti.

Aux environs de la Faculté d'Ethnologie, des barricades de pneus enflammées ont été dressées. Mais la police faisait bonne garde.

La panique a gagné d'autres endroits de la capitale, notamment à Canapé-Vert et à l'avenue John Brown au niveau de Lalue.

Des passants ont dû courir à toutes jambes pour éviter d'être victimes.

Plusieurs écolières et écoliers, ainsi que divers professionnels, ont dû regagner leur domicile devant les difficultés éprouvées pour trouver des véhicules de transport public, dont les chauffeurs ont observé un arrêt de travail sur différents circuits à Port-au-Prince.

D'autres villes rejoignent le mouvement

Après Gonaïves (Artibonite, Nord) et Cayes, Aquin, Cavaillon (Sud), ainsi que Petit-Goave (Ouest, direction sud du pays), d'autres villes d'Haïti tendent à rejoindre le mouvement orchestré la semaine dernière contre la cherté de la vie.

A Jérémie (Sud-Ouest), des rumeurs faisaient croire que des protestataires allaient même incendier la base régionale de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (Minustah).

Cinq personnes ont, à l'occasion, été appréhendées par la police.

A Petit-Goâve, à 68 kilomètres au sud de la capitale, un mouvement de protestation contre la vie chère a également eu lieu. Ecoles, centres commerciaux ont dû fermer leurs portes, tandis que la route nationale No 2 a été bloquée pendant une bonne partie de la journée au cours de la manifestation.

A Miragoane (Nippes, Sud-Ouest), à quelques kilomètres de Petit-Goâve, les activités ont été paralysées par des jets de pierres et l'annonce d'un probable mouvement contre la vie chère.

A Léogane, à une trentaine de kilomètres au sud de Port-au-Prince, les activités ont été paralysées, notamment par des barricades de pneus usagés enflammés.

Les desiderata de la population

Outre les biens essentiels à la consommation (farine, pain, sucre, huile de cuisine, lait, riz et autres) qui connaissent une hausse sans précédent ces derniers mois, les prix d'autres biens stratégiques, comme les produits pétroliers, viennent de subir un relèvement à la fin de mars 2008. Ce qui porte les conducteurs de transports publics à exiger une variation à la hausse du tarif des transports publics.

Certains chauffeurs ont même donné un ultimatum au gouvernement [jusqu'au 11 avril 2008] pour l'adoption de mesures concrètes devant faire baisser le coût de la vie à tous les niveaux.

Ce lundi 7 avril 2008, des manifestants ont mis la détérioration de la situation nationale sur le compte des parlementaires, en particulier les députés qui avaient donné un vote de confiance au gouvernement Alexis en février dernier, malgré le peu de résultats obtenus par l'équipe au pouvoir depuis juin 2006. Une session des députés, sur les événements en cours, n'a pas pu se dérouler devant l'ampleur des manifestations par groupes à Port-au-Prince.

Des économistes ainsi que des secteurs du mouvement alternatifs stigmatisent la conduite des autorités qui s'adonnent tête baissée dans l'application des politiques néolibérales, dictées par les bailleurs de fonds internationaux comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, sans se soucier de dispositions appropriées pour affronter les éventuelles tensions sociales.

Au contraire, les dirigeants nationaux préfèrent associer la vie chère sur le marché national à une augmentation des prix au plan international.

Les promesses de programme d'apaisement social (Pas) à celles de projets à impact communal (Pic) ne sont pas ressenties dans leur matérialisation par la population nationale.

Des dirigeants nationaux auraient évoqué un possible « tremblement de terre », c'est-à-dire une réalité d'agitation voire de bouleversements sociaux sur le territoire national dans les prochaines semaines, indiquent des milieux politiques dans la capitale haïtienne.

SOURCE: CLICK
alterpresse.org/spip.php?article71...
Haïti: la peur au ventre mardi 6 novembre 2007 par Vario Serant
alterpresse.org/spip.php?article65...

Claude, April 8 2008, 6:06 PM

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