Haïti-Justice: Situation n'a fait que S'aggraver.

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1 Mai 2008:par Heidi Fortuné.

Les lois de réforme ne sont pas appliquées, la présidence n'est pas enclin à commissionner les juges en fin de mandat, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire est dans l'impasse, et, en guise d'ajustement de salaire, il est question de prélèvement sur la pitance mensuelle qu'on donne aux magistrats et qui leur permet à peine de survivre...pour le salut de la nation.

Qu'on ne s'y méprenne pas ! Cette mesure ne résoudra d'un iota le problème. Franchement, le président n'a pas de conseiller économique?

La solution est ailleurs ! Quand on dépense sans utilité et avec excès les recettes de l'État, on appelle cela du gaspillage...et c'est cette vanne qu'il faut fermer.

La justice est en crise continue malgré la volonté de réussir chez les juges, les organisations de défense des droits humains et les partenaires de la communauté internationale.

D'autre part, la cherté de la vie et le ralentissement de l'économie pour ne pas parler de récession, n'épargnent pas les acteurs judiciaires, et cette situation suscite malheureusement une tendance qui va à l'encontre des efforts déjà obtenus.

Le responsable de cette tragédie a un nom: le pouvoir politique.

On est loin des menues dépenses tolérées si l'on tient compte des malversations qui secouent certaines institutions étatiques, en particulier, la Chambre des députés. Le pire, aucune poursuite n'est engagée contre ces honorables corrompus.

Le gouvernement révèle ainsi sa faiblesse.

Et quand l'État montre des signes d'incapacité, c'est tout le pacte social qui est menacé.

En Haïti, le juge perd son imperium.

Le rejet de l'institution judiciaire a toujours été un mot d'ordre pour les politiciens haïtiens peu soucieux à doter le pays d'une justice forte et indépendante.

En vérité, il y a des attitudes qui ne peuvent que faire grand tort à la Magistrature.

Non pas que nous bâtissions de grands espoirs sur le pouvoir central mais nous avions pensé, pour une fois, qu'il allait changer le destin d'un système en quête de renouveau.

Malheureusement, la Justice est, encore une fois, victime de comportement discriminant et sans appel.

Le fait par le gouvernement de ne pas tenir compte des lois de réforme, malgré leur ratification et leur publication au journal officiel, est un intolérable outrage à tous les Magistrats de la république.

Avoir des principes, c'est bien ; les appliquer, c'est mieux.

C'était hier, nous semble-t-il, que nous prenions notre plume pour écrire notre premier texte.

Nous nous sommes efforcés de faire écho aux points les plus importants en rapport avec le dysfonctionnement du système judiciaire.

Depuis, un an a passé ! Aujourd'hui encore, la force des choses nous met dans l'obligation de poursuivre le combat.

Malgré les notes décourageantes de certains avocats et confrères du Temple, nous sentons l'indispensable besoin, tout en partant du constat, de nous mettre à nouveau en accusation.

S'il n'est pas possible, en ces temps difficiles et incertains, de faire des prévisions pour la justice, qu'il nous soit permis cependant de former le vÅ"u de voir s'atténuer les tensions politiques.

Si nous n'étions pas un magistrat...nous ne serions certainement pas un politicien.

Nous serions un animal, un petit animal.

Nous serions un insecte...Mais pas n'importe lequel, nous serions une mouche: celle qui pique.

Heidi FORTUNÉ Magistrat, Juge d'Instruction Cap-Haïtien, Haïti

Lalione, May 2 2008, 5:52 PM

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