Haiti : Les jeunes de Petit-Gove

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Jeudi 8 mai 2008. Par Wooldy Edson Louidor

P-au-P., 08 mai 08 [AlterPresse] --- Des jeunes originaires de Petit-Goâve (commune située à environ 68 kilomètres au sud de la capitale haïtienne, Port-au-Prince) travaillent, à travers l´art, la littérature et la mise en Å"uvre d´actions d´assainissement et de reboisement, à promouvoir une autre image de leur ville.

Diplômés de différentes facultés de l´Université d´État d´Haïti (dont l´École Normale Supérieure, la Faculté des Sciences juridiques et économiques, l´École de Médecine et la Faculté des Sciences Humaines), ces jeunes entendent désormais ouvrir une nouvelle page dans l´histoire de Petit-Goâve, en y créant une autre atmosphère, saine du point de vue écologique et humain et propice à l´épanouissement de la jeunesse de la cité de Faustin Soulouque, président d´Haïti de 1847 à 1849 et empereur du pays de 1849 à 1859.

Quelques uns de ces jeunes se regroupent autour du club littéraire « Collectif pour la sauvegarde et la vulgarisation du patrimoine culturel de Petit-Goâve ».

Fondé au début de l´année dernière, ce club se réunit le dernier samedi de chaque mois. Conférences offertes par des intellectuels et écrivains connus, lecture de poèmes et débats sur des Å"uvres de la littérature haïtienne et d'autres textes figurent parmi ses principales activités.

D´autres jeunes se rassemblent autour de l´association « Mouvement de recherche et d´action pour le développement durable », (Moradd) dont l´un des objectifs fondamentaux est de contribuer à rendre propre et sain l´espace urbain de cette commune et à reboiser des aires autrefois vertes situées dans sa périphérie.

À rappeler que Petit-Goâve a connu durant ces dernières années un processus d´urbanisation accéléré, accompagné d´une certaine bidonvilisation et de l´abattage systématique des arbres en vue de construire de nouvelles maisons.

Ce début de bidonvilisation est principalement dû à l'exode de plus en plus massif de gens provenant de la campagne et des localités avoisinantes, dont la Gonâve, Miragoâne, Fonds-des-Nègres, etc. Ils espèrent trouver dans cette ville de taille moyenne plus d´opportunités d´emploi et des services sociaux de base tels que l´éducation et la santé.

En outre, le port de Petit-Goâve, aujourd´hui inactif, constituait pendant de longues années un grand pôle d´attraction commercial et économique pour les zones environnantes.

Les initiatives culturelles et citoyennes sont appréciées par les jeunes petit-goâviens qui y voient l´opportunité de développer leurs talents et de se mettre au service de la ville qui les a vus naître. La politique tend de plus en plus à céder son hégémonie aux activités réalisées dans le cadre de ces initiatives.

Autrefois, les jeunes n´avaient pas beaucoup d´options: ils pouvaient soit assister en tant que spectateurs soit participer comme acteurs aux querelles et luttes politiques.

Cependant, les conséquences étaient les mêmes: ils faisaient dans un cas ou dans l´autre les frais des actes de violences qui accompagnaient les manÅ"uvres politiciennes.

Petit-Goâve pleure encore la mort de Robenson Laraque qui a été atteint le 20 mars 2005 d´une balle pendant les échanges de tirs entre les soldats onusiens de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah) et des soldats démobilisés.

Maintenant, les jeunes ont à leur disposition un espace où partager la vie, leurs talents, leurs réflexions et leurs rêves. Dans ce contexte, des jeunes, dont les deux frères, Fred et Jude Jasmin, Gerson Constant, Dulomond Louis, ont écrit et même publié des recueils de poésie, des romans et des essais qui connaissent de plus en plus de succès auprès des lecteurs petit-goâviens et d´un peu partout en Haïti.

Par exemple, Jude Jasmin est heureux d´avoir été invité à participer avec son bouquin « Toutoune, Anthologie: Petit-Goâve en écriture » à la dernière édition de Livres en Folie réalisée en 2007 à Port-au-Prince.

Le rêve de ces jeunes est de rehausser l´éclat de Petit-Goâve en projetant aux niveaux national et international une image digne des jeunes, fatigués d´être les perpétuelles victimes, de 1986 à nos jours, des luttes politiques et armées entre des factions « en guerre ».

La jeunesse petit-goâvienne, en tant qu´avenir et fleuron de cette ville profondément déchirée par de permanents conflits politiques, veut vivre, rêver, entreprendre des actions citoyennes pour embellir et reverdir le paradis « mythique » de l´enfance du grand écrivain Dany Laferrière et de plusieurs autres concitadines et concitadins.

Considérée comme « un volcan dont on attend à n´importe quel moment des éruptions », la cité soulouquoise porte, avec Gonaïves (Nord), depuis environ trois décennies, les stigmates des mouvements initiées localement et ayant conduit au renversement de plusieurs régimes politiques: du déchoucage de la dictature duvaliériste (7 février 1986) jusqu´à « la démission » de Jean-Bertrand Aristide au cours de la deuxième version de sa présidence (29 février 2004), en passant par la destitution des dictatures militaires de Henry Namphy et de Prosper Avril.

Les récentes manifestations contre la vie chère ayant coûté à Jacques Édouard Alexis son poste de premier ministre ont surpris plus d´un pour n'avoir pas débuté à Petit-Goâve ou aux Gonaïves, mais aux Cayes, une ville apparemment tranquille.

Lionne, May 8 2008, 1:53 PM

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