Hati des soupons de fraudes electorales

< Previous | Home | Next >

Haïti, des soupçons de fraudes électorales au plus haut sommet du CEP

Par Abel DESCOLLINES

L'inquiétude demeure sur la capacité et la volonté politique des autorités du conseil électoral provisoire et du gouvernement de transition de mener à terme le processus électoral haïtien.

Officiellement la suite des élections législatives et l'organisation des municipales devraient avoir lieu avant l'été 2006. Mais cependant, la lenteur qu' accuse l'institution électorale, qui n'a toujours pas finalisé les résultats définitifs du premier tour des élections du 7 février dernier, fait craindre le pire. D'autant qu'à l'heure qu'il est, rien n'est assuré pour le second tour des législatives prévues pour le 21 avril prochain.

Avec ce CEP, dit-on, il vaut mieux attendre le jour J plutôt que de fixer une date. C'est aussi le sentiment partagé par un candidat au Sénat en ballottage favorable dans le département du Centre d'Haïti. En toute vraisemblance, la fin de l'année 2006 paraît comme étant la plus réaliste en terme de faisabilité pour l'organisation des élections municipales et locales, bien que le CEP et les autorités de transition aient retenu la date du 18 juin 2006. L'incertitude autour de cette date s'explique par le fait que les haïtiens auront presque tous les yeux tournés pendant tout le mois de juin 2006 vers l'Allemagne pour suivre la 18ème coupe du monde de l'histoire du football mondial.

En Haïti, indique-t-on dans les milieux sportifs, le carnaval national et les grandes compétitions internationales comme la coupe du monde de football sont des moments importants pour la population.

Réuissir à convoquer le peuple en ces comices dans cette période d'euphorie sportive parait totalement incertain aux yeux des spécialistes.

Mais, au-delà de ces considérations d'ordre conjoncturel, s'ajoutent les atermoiements et les luttes d'influences de toutes sortes à l'intérieur du CEP, qui laissent encore davantage augurer le spectre d'une crise électorale à plusieurs facettes.

Car mis à part ce que l'on sait déjà, il semble actuellement que des conseillers, représentants directs de partis politiques, tentent de réparer la déroute de l'élection Présidentielle de certains partis traditionnels en cherchant à gonfler leurs scores au niveau législatif, au détriment d'autres formations nouvellement émergées. Les informations dont nous disposons indiquent que ce scénario se traduit notamment par le désir des conseillers en question de faire recompter les bulletins de vote dans des départements où leurs partis ont été totalement laminés. Cette affaire, disons-le, qui ne fait pas encore grand bruit au sein de l'opinion publique, pourrait surgir dans les prochains jours.

Car des employés du conseil électoral confient que d'autres conseillers ne veulent pas cautionner cette façon de détourner le vote des électeurs.

Ils entendent, dit-on, dénoncer cet état de fait à la population si les présumés fraudeurs persistent dans cette voie. Or, la difficulté est que, explique cette même source, les présumés fraudeurs sont ceux qui détiennent les postes clefs au sein de la machine électorale.

La source confirme par ailleurs que des partis politiques comme « LESPWA » du nouveau Président René Préval, l'UNION de l'ingénieur Chavannes Jeune, MOCRENAH du docteur Luc Méssadieu, MIRN de l'ancien Sénateur Luc Fleurinord pourraient perdre leur avance dans plusieurs circonscriptions et départements du pays si cette opération se confirmait.

Contacté par téléphone, un des dirigeants des partis politiques visés par cet éventuel scénario déclare: « Nous avons effectivement remarqué effectivement qu'un certain nombre de conseillers au sein du CEP veulent profiter des dépôts de contestations pour reprendre la main en faveur de leurs partis politiques.

Nous n'accepterons pas qu'ils déçoivent de cette manière nos électeurs.

Il y a effectivementn, dit-il, des contestations dans beaucoup d'endroits du pays où avaient eu lieu ces élections, mais je vous dis que le CEP exagère de vouloir tout annuler dans certains départements ».

Et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, selon un proche du parti « Pont » de l'ancien Premier Ministre Jean-Marie Chérestal, les conseillers pointés du doigt chercheraient à balayer d'un revers de la main toute contestation mettant en cause le déroulement des élections législatives dans des circonscriptions où des candidats de leur chapelle politique obtiendraient des scores importants.

Pour sa part, M. Fanfil Monesty Jr, s'étonne de la velléité de quelques responsables du CEP à remettre en question tous les résultats du vote du 7 février 2006 dans le département du Sud du pays. Cet avocat aussi que spécialiste des relations internationales s'occupe notamment des affaires juridiques de l'UNION du pasteur Chavannes Jeune qui a réalisé son score le plus important dans ce département.

Dans la même veine, un responsable du parti présidentiel, « LESPWA » qui dit s'exprimer en son nom propre, constate que « le retour à « l'anarchie » qui a servi de slogan pour les dirigeants de ces partis traditionnels pour tenter de barrer la route à René Préval lors de la campagne présidentielle se transforme aujourd'hui en « anarchie électorale".

Ils feraient tout pour avoir le contrôle du Parlement ».

Ce dernier accuse par ailleurs ces mêmes conseillers électoraux de vouloir tout faire pour retarder, aussi longtemps que possible, l'investiture du Président René Préval. « Par des manÅ"uvres déloyales, dit-il, ces conseillers proches des partis traditionnels et une minorité de la société civile veulent provoquer la colère de nos partisans, pour après, les accuser de violents.

Nous avons appris que la plupart d'entre eux veulent que le Président Préval attende jusqu'à l'ouverture de la deuxième session parlementaire à la mi-juin pour prêter serment devant le Parlement ».

C'est inadmissible, a-t-il martelé, en substance.

Selon la constitution haïtienne le nouveau Président de la République devait entrer en fonction le 7 février dernier alors que, c'est à cette date qu'avaient eu lieu les élections Présidentielles.

Le pouvoir exécutif et le conseil électoral ayant été tous deux incapables de respecter cette échéance constitutionnelle.

Une seconde date, le 29 mars 2006, rappelons-le, avait déjà été retenue pour l'investiture du nouveau chef de l'Etat, mais une fois n'est pas coutume, les technocrates de la transition et les politiciens véreux du CEP n'ont pas tenu leur promesse.

René Préval, qui a déjà annoncé son intention de quitter le pouvoir en 2011, risque d'avoir un mandat de quatre ans au lieu de cinq comme prévu dans la constitution.

Parallèlement, les candidats aux législatives déplorent l'absence de communication et de transparence du CEP dans le nouveau décompte des voix. Nombreux sont ceux qui disent avoir été informés de l'annulation des élections dans leurs circonscriptions électives à travers les stations de radio.

Comment peut-on décider dans le dos des concernés, s'indignent ces candidats, qui devront tout recommencer.

Joint par téléphone en l'absence des principaux conseillers suspectés dans cette tentative de fraude, un des porte-parole du CEP dément tout scénario visant à déposséder des partis politiques quels qu'ils soient de leur avance au niveau du territoire.

Il faut signaler, en tout cas, que dès l'annonce par le CEP de la décision de procéder à un nouveau décompte des voix dans certains départements, plusieurs médias nationaux s'étaient interrogés sur la crédibilité d'une telle démarche dans la mesure où les conseillers n'avaient pas procédé ainsi pour la Présidentielle.

Alors que, commentent ces médias, l'élection Présidentielle avait eu lieu en même temps que les législatives partielles.

Lors d'une réunion publique dans une salle parisienne, il y a une semaine, un étudiant haïtien à la Sorbonne dit ne pas être étonné de ces nouvelles au sein de l'actuel CEP. Il rappelle, en effet, que Maurepas Auguste avait déjà prévenu dans un ouvrage intitulé: « Genèse d'une République héréditaire » que: « Les institutions valent ce que représentent les hommes appelés à les faire fonctionner »

Concluons en tout cas que la bataille pour le contrôle du Parlement est très mal engager.

Le pays risque une fois encore d'être l'otage de ceux qui veulent avoir le pouvoir par n'importe quel moyen, quitte à fonctionner indéfiniment dans la crise.

On a appris que des partis politiques susceptibles d'être victimes dans cette affaire de fraude électorale s'apprêteraient à contre attaquer.

Abel Descollines, March 29 2006, 12:00 PM

Start a NEW topic or,
Jump to previous | Next Topic >

< Previous | Home | Next >